Récit d'évasion de Gaston Zaepfel. Cote 2073 W 1870/33. © Olivier Hannauer

Récit d’évasion de l’armée allemande

Pour tout vous dire, le document qui vous est présenté n’est pas un récit d’évasion, mais d’évation. Vous comprendrez bientôt ce que cela veut dire.

En Alsace, on a des particularismes régionaux, c’est bien connu. Le dialecte, par exemple, qui va parfois avec une expression elle-même un peu particulière de la langue française.

L’histoire aussi de la région, à cheval entre la France et l’Allemagne, aubaine culturelle  mais qui a pu s’avérer difficile à vivre. Ainsi, le sort des Malgré-Nous. Rappelons que le 25 août 1942, le Gauleiter Wagner décide que les jeunes Alsaciens et Mosellans mobilisables seront incorporés de force dans l’armée allemande. Et voilà des dizaines de milliers de jeunes gens contraints d’aller se battre pour une idéologie qui n’était pas la leur. A la fin du conflit, la France leur a ouvert les mêmes droits d’anciens combattants qu’à ceux qui s’étaient engagés sous drapeau tricolore. Encore fallait-il remplir un dossier et montrer que l’engagement était forcé et non pas volontaire. A ceux qui déclaraient s’être constitués prisonnier au contact des armées alliées, on demandait un récit pour expliquer en quelles circonstances ils avaient réussi à fausser compagnie à l’armée allemande. Dans ces dossiers et récits n’apparait jamais le terme désertion. On parle d’évasion.

En voici un, celui de Gaston Zaepfel, rédigé en 1961, et dans lequel on perçoit encore une forme de colère par rapport aux événements subis.
Ah, oui, on y vient ! Ce n’est pas un récit d’évasion, mais d’évation. On avait bien dit que le français aussi peut devenir un particularisme en Alsace.


Affutez vos yeux, chaussez vos lorgnons et prenez un peu de temps pour accéder à la moelle substantifique. Vous je ne sais pas, mais moi j’ai de la tendresse pour Gaston et sa brose.


Document extrait du dossier 2073 W 1870/33.