Détail du "faux testament" de Sainte Odile avant restauration, en 2016. © Olivier Hannauer / CD67

Le Département du Bas-Rhin soigne ses archives anciennes

Les Archives départementales du Bas-Rhin conservent 341 chartes en parchemin antérieures à 1250, dont 297 chartes scellées. Parmi elles, se trouvent les plus anciens documents conservés aux Archives départementales du Bas-Rhin, datés du IXe siècle, dont ce testament de Sainte Odile. Depuis 2013, un examen minutieux et systématique de l’état matériel de ces parchemins a été entrepris, en vue de leur numérisation.

Dans leur grande majorité, ces chartes sont dans un état de conservation honorable. Elles présentent toutefois souvent des petites déchirures, des lacunes, des fragilités ou des dégradations anciennes liées notamment à une exposition à l’humidité (moisissures, effacement des encres, pulvérulence, etc.) et à la manipulation humaine. Pour préserver au mieux ces documents fragiles et éviter de nouvelles altérations, la plupart de ces parchemins feront l’objet d’un dépoussiérage soigné et, si nécessaire, d’un reconditionnement minutieux facilitant leur conservation et leur manipulation.

Dans certains cas, l’état du document est plus inquiétant : la restauration est alors envisagée, afin de prolonger sa durée de vie, stopper les dégradations et permettre la manipulation du document, qui peut être difficile, parfois même, impossible.

Pourquoi restaurer ces quatre chartes ?

Les critères qui ont guidé les choix de restauration de ces documents sont multiples : leur format ; l’état et la fragilité du parchemin et des sceaux ; la nécessité de remettre à plat des documents conservés pliés depuis plusieurs siècles ; le constat d’altérations dues à d’anciennes interventions malheureuses sur le document. L’intérêt historique d’un document est également à prendre en compte lorsqu’il est question de restauration.

La restauration de tels documents doit respecter quelques principes fondamentaux : les interventions doivent rester visibles, ne pas entraver la lisibilité du document et être réversibles. Pour cela, les matériaux employés sont chimiquement neutres, afin de ne pas interagir avec le parchemin. Une bonne restauration est nécessairement minimaliste, et ne cherche pas à effacer l’histoire du document.  En aucun cas ne sont reconstitués à l’identique des tracés effacés ou des parties lacunaires.

La restauration du « faux » testament de sainte Odile, XII(?) siècle (cote G 1).

Cette charte a été conservée pliée pendant de nombreuses décennies aux Archives départementales du Bas-Rhin. En 2014, elle a été dépliée et placée sur un plateau pour être présentée plus facilement au public, lors de journées portes ouvertes, par exemple.

Le parchemin, mécaniquement fragilisé, était abrasé, présentait des déchirures importantes et de nombreuses autres petites lacunes. Son sceau en cire plaqué-rivé était encrassé. Le document avait été entoilé au verso lors d’une opération ancienne, qui avait alors pour objectif sa consolidation, mais qui induisait des tensions et avait créé des réseaux de plis importants.

Le travail de restauration a consisté à retirer à sec, zone par zone, la toile collée au verso, puis à ôter les résidus d’adhésif. Le document a ensuite été mis à plat de manière progressive pendant plusieurs semaines. La restauration a renforcé, lorsque cela était nécessaire, les zones affaiblies, les déchirures et les lacunes, avec des bandes de papier japon collées à la colle d’amidon neutre au verso. Le parchemin et le sceau ont été nettoyés. Le sceau a, en outre, été légèrement consolidé à la propolis pour éviter son effritement.

La charte a ensuite été placée (nous disons « reconditionnée ») dans un véritable écrin de carton, fabriqué sur mesure, pour assurer une conservation optimale et permettre sa présentation sans manipulation du document.

L’âge du parchemin justifiait un traitement doux et lent, qui a duré presque six mois.

Six petits mois pour, nous l’espérons, de longs siècles encore de vie de ce parchemin !