Expulsion d’Allemands à Colmar, devant le cercle Saint-Martin, décembre 1918. Photographe : Jean Christophe. AD67, 2 Fi 5/500-2 Fi 5/508. Cote numérique : FRAD067_0100NUM0009_01. © Jean Christophe

L'Alsace et le tournant de 1918 - expulsions, migrations, mobilités


2019 - colloque international

Formation des enseignants d'histoire, d'arts plastique, d'allemand, de LCR et d'éducation civique organisée autour du Colloque international du même nom, porté par les Archives d'Alsace - site Strasbourg et l’Université de Strasbourg du 16 au 18 janvier 2019.




Programme de la journée de formation

9h-10h : Interroger les écritures de l’Histoire à la lumière du roman graphique Finnele
échange entre Anne Teuf, auteure de Finnele, et Gilles Chavanel, scénariste, journaliste et enseignant.

10h-11h : Présentation des ressources pédagogiques réalisées pour les expositions « Les Alsaciens, 1918-1925 »
par Vincent Cuvilliers, professeur relai aux Archives d'alsace - site Strasbourg.

11h-12h : Le Groupe de mai : un foyer artistique entre France et Allemagne dans les années 1920,
par Franck Knoery, responsable de la bibliothèque des musées de Strasbourg.

14h-15h : Visite commentée de l’exposition (pour les enseignants).

15h15-16h15 : Penser l'appartenance nationale française au XXe siècle à l'aune des régions frontalières d'Alsace et Lorraine.par Laird Boswell (University of Wisconsin-Madison).
Conférence inaugurale du Colloque « L’Alsace et le tournant de 1918 : expulsions, migrations, mobilités ».

Argumentaire scientifique du colloque

L’étude historique des migrations (libres ou contraintes) est un champ de recherche en plein développement qui ouvre de nouvelles perspectives à une histoire trop étroitement nationale. Elle permet de reconsidérer celle de l’Alsace, symbole français pendant la Première Guerre mondiale, qui eut des difficultés après 1918 à trouver sa place dans la Troisième République, alors que son intégration à l’espace allemand était remise en question.

Ce colloque entend nouer ensemble des histoires migratoires peu ou mal connues, d’habitude étudiées séparément (quand elles le sont). Les migrations qui se déroulèrent à la sortie de la Première Guerre mondiale relèvent en effet de plusieurs histoires : histoire plutôt militaire et politique lorsqu’il s’agit d’expulser les Allemands et les Alsaciens germanophiles à l’arrivée des troupes françaises ; plutôt économique avec les migrations de travail, qui s’inscrivent dans une temporalité plus longue et dans un espace transnational ; plutôt sociale enfin, voire micro-historique, quand on se penche sur les déplacements frontaliers ; sans négliger l’histoire des relations internationales. Ces phénomènes migratoires contribuèrent tous à redéfinir la place de l’Alsace dans son environnement régional, national et international, ainsi que les relations entre le territoire, les habitants et les structures socio-économiques ou encore les institutions.

Il s’agira de mettre en évidence les flux, les espaces circulatoires concernés et leurs échelles, et d’en esquisser les logiques (acteurs, motivations, organisation). Pour ce faire, on dépassera la rupture de 1918 en s’interrogeant sur les conceptions de la gestion de la population et des mouvements migratoires du XIXe au XXe siècle, à l’époque de la démocratisation des nations européennes. Après 1918, on élargira l’analyse à une histoire régionale des flux en étendant la perspective à la Lorraine et à la Ruhr, ou encore à d’autres marges d’empire (Tyrol, parties germanophones de la Belgique).

Le colloque examinera, à travers ces objets spécifiques étudiés en Alsace ou dans d’autres exemples présentant des traits semblables, la validité des notions ou concepts attachés à cette période de bouleversement : sortie de guerre et loyauté ; ré-ajustement économique ; sécurité, violence de guerre et violence politique ; épuration ethnique, intégration nationale, identification des personnes ; agentivité des migrants, mobilité, co-présence, auto-régulation locale ou régionale…. Il s’agira de s’interroger sur la portée du cas alsacien dans la redéfinition européenne des frontières et des Etats après 1918, tout aussi bien que dans l’élaboration de modèles d’intégration nationale ; enfin, d’analyser et de penser, sous l’angle original des mobilités et migrations, la relative déconnexion entre l’histoire nationale française et cette histoire régionale.

Ségolène Plyer,
maîtresse de conférence en histoire contemporaine
Université de Strasbourg
Membre de l'équipe de recherche en sciences historiques de l'université de Strasbourg EA-Arche 3400

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