Détail de l’encadrement floral d’un poème attribué à la poétesse du XVe siècle Clotilde de Surville, Verselets à mon premier né, par Gabriel Toudouze, en 1855. Fonds Jean Kepi, 94 J 155. © Archives départementales du Bas-Rhin

Quand une mystification littéraire devient source d'inspiration

Détail de l’encadrement floral d’un poème attribué à la poétesse du XVe siècle Clotilde de Surville, Verselets à mon premier né, par Gabriel Toudouze, en 1855.

Auguste Gabriel Toudouze (1811-1854) est l’auteur d’un Choix d’ornements, d’après des dessins du Moyens Age, imprimés par les procédés typographiques de G. Silbermann, Strasbourg : G. Silbermann, imprimeur-libraire, éditeur, en 1855.

Le poème décoré par G. Toudouze aurait été écrit au 15e siècle par Marguerite-Éléonore Clotilde de Vallon-Chalys, dame de Surville. Ces Verselets pour mon premier né seraient dédiés à son seul et unique endant dont, d'après la légende, elle aurait assumé seule l'éducation, son époux, Bérenger de Surville, étant parti et mort durant le siège d’Orléans, sous Charles VII. Devenue au XIXe siècle un emblème du lyrisme maternel et sentimental, Clotilde de Surville serait en réalité une mystification littéraire… Un peu comme l’annonce de l’arrivée du printemps cette année ;)

O cher enfantelet, vrai pourtrait de ton père,

Dors sur le sein que ta bousche a pressé!

Dors, petiot, cloz, amy, sur le seyn de ta mère,

Tien doulx œillet par le somme oppressé.

*-* 

Bel amy, cher petiot, que ta pupille tendre

Gouste ung sommeil qui plus n'est faict pour moy !

Je veille pour te veoir, te nourrir, te défendre...

Ainz qu'il m'est doulx ! ne veiller que pour toy !

*-* 

Dors, mien enfantelet, mon soulcy, mon idole !

Dors sur mon seyn, le seyn qui t'a porté !

Ne m'esjoint encore le son de ta parole,

Bien ton sourire cent fois m'aye enchanté !

*-* 

O cher enfantelet, vrai pourtrait de ton père,

Dors sur le sein que ta bousche a pressé!

Dors, petiot, cloz, amy, sur le seyn de ta mère,

Tien doulx œillet par le somme oppressé. 

En savoir plus :

Antonin Macé, Les poésies de Clotilde de Surville : études nouvelles suivies de documents inédits, 1870. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6520127z

Charles Des Guerrois, Études sur quelques-uns de nos vieux poètes : Vauquelin de La Fresnaye, Sainte-Marthe, N. Rapin. J. de La Péruse, Clotilde de Surville, Balthazar Bailly, Etienne d'Acier, Paris, 1923. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9613378g?rk=21459;2

Sophie Vanden Abeele-Marchal, Histoire littéraire féminine et fiction au XIXe siècle : le cas de Clotilde de Surville, 2010. http://www.fabula.org/lht/index.php?id=181

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