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Vendredi 16 décembre

Publicité pour le champagne Strub, publiée dans la revue satirique et critique berlinoise Die Lustige Blätter, n°51, 1913, ADBR 38 J 486. Illustration René Simay.

Le « Champagne Strub » y est présenté comme produit par Blankenhorn & Co, St Ludwig im Elsass (Saint-Louis, dans l'actuel département du Haut-Rhin).

Et pourtant, « il n’est champagne que de la Champagne ! », non ?

Le terme champagne pour désigner un vin pétillant allemand est encore tout à fait légal en 1913, malgré les efforts poursuivis par les Champenois depuis plusieurs siècles.

A partir de 1911, l’État interdit l'utilisation du nom « Champagne » pour des vins ne provenant pas de l'aire d'appellation (loi du 11 février 1911)… mais le texte n’est pas opposable hors des frontières de France.

En 1920, le traité de Versailles y remédie.

Signé le 28 juin 1919 et ratifié par l’Allemagne le 10 janvier 1920, le traité consacre un article entier à la protection des appellations régionales des vins ou spiritueux « produits dans le pays auquel appartient la région ou les conditions dans lesquelles l’emploi d’une appellation régionale peut être autorisé » (partie 10 : clauses économiques, chapitre 3 sur la concurrence déloyale, article 275)

« L’Allemagne, à la condition qu’un traitement réciproque lui soit accordé en cette matière, s’oblige à se conformer aux lois, ainsi qu’aux décisions administratives ou judiciaires prises conformément à ces lois, en vigueur dans un pays allié ou associé et régulièrement notifiées à l’Allemagne par les autorités compétentes, déterminant ou réglementant le droit à une appellation régionale, pour les vins ou spiritueux produits dans le pays auquel appartient la région, ou les conditions dans lesquelles l’emploi d’une appellation régionale peut être autorisé ; et l’importation, l’exportation, ainsi que la fabrication, la circulation, la vente ou la mise en vente des produits ou marchandises portant des appellations régionales contrairement aux lois ou décisions précitées seront interdites par l’Allemagne et réprimées par les mesures prescrites à l’article qui précède ».

Le refus par le Sénat américain de ratifier le traité de Versailles au mois de mars 1920 aura ainsi eu une conséquence amusante : malgré tous les efforts des Champenois pour protéger leur champagne, on peut encore aujourd’hui trouver du champagne de Californie.

Bibliographie

Hodez (Roger), La protection des vins de champagne par l’appellation, thèse de droit, Paris : Université de droit, 1923. L’ouvrage est consultable en ligne sur le site : http://maisons-champagne.com/fr/encyclopedies/bibliotheque-umc/ouvrages-historiques/la-protection-des-vins-de-champagne-par-l/deuxieme-partie-l-appellation-champagne-a-l/article/chapitre-premier (consulté le 14/11/2016 à 12h34).

Sur l'entreprise viticole Blankenhorn & Co

https://www.deutsche-biographie.de/gnd136312543.html#ndbcontent